Chère communauté de Porte Parole,
Ces temps-ci, les nouvelles sont étourdissantes et souvent alarmantes. D’un côté, je ressens le besoin de suivre de près la politique américaine et ses répercussions sur le Canada. De l’autre, je veux me recentrer sur les aspects de ma vie que je peux contrôler — mes responsabilités envers ma famille et ma communauté — à travers mon travail chez Porte Parole.
Je me pose surtout cette question : que puis-je faire, concrètement, pour être utile en ce moment? Que pouvons-nous faire chez Porte Parole, avec notre pratique en théâtre documentaire, pour aborder cette période de bouleversements géopolitiques, de polarisation croissante du discours public et de montée de l’hyper-nationalisme dans le monde ?
Un début de réponse m’est venue en écoutant l’épisode du 20 février du balado The Rachman Review. Gideon Rachman, chroniqueur au Financial Times, s’entretient avec Mathias Döpfner, PDG du groupe médiatique Axel Springer.
Dans l’entrevue, Döpfner revient sur le discours controversé du vice-président américain J.D. Vance sur les valeurs démocratiques et la liberté d’expression lors de la Conférence de Munich sur la sécurité il y a deux semaines, ainsi que sur la réaction de nombreux progressistes européens et nord-américains qui craignent que cela ne renforce le sentiment d’extrême droite à l’approche des élections fédérales allemandes. Mais plutôt que de conclure trop rapidement que Vance fasait simplement la promotion du parti d’extrême droite, l’AfD, Döpfner nous invite à nous demander pourquoi ces idées d’extrême droite ont pris de l’ampleur en Allemagne ces cinq dernières années. Il souligne que, bien souvent, en excluant certains groupes des discussions sur des sujets comme l’immigration ou la sécurité, on contribue à leur radicalisation.
Ainsi, Döpfner marche sur une corde raide, entre sa profonde inquiétude face à la résurgence des idées néo-nazies en Allemagne, et sa crainte qu’en excluant les groupes de droite du discours public, ils deviendront inévitablement plus extrémistes.
Si vous avez suivi notre travail avec la série L’Assemblée, vous savez que nous partageons ces questionnements éthiques et politiques. Nous croyons qu’ils sont essentiels pour quiconque se soucie de l’avenir de nos démocraties.
Plus que jamais, je suis convaincue qu’il faut créer des espaces de dialogue ouverts, nuancés et inclusifs. Face au flot constant de nouvelles alarmantes, on ne peut pas se contenter de réagir dans l’émotion.
Chaque jour, je puise de l’espoir et de l’inspiration dans notre communauté d’artistes, de donateurs et de spectateurs, qui me rappellent qu’il est possible de résister à la polarisation et au repli sur soi grâce au pouvoir du récit documentaire.
Merci pour tout ce que vous faites pour soutenir notre démarche.
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